Les pluies en Provence semblent répondre à des cycles réguliers. Analyse rétrospective sur 230 ans, modélisation et projections dans l’avenir

Les pluies en Provence semblent répondre à des cycles réguliers. Analyse rétrospective sur 230 ans, modélisation et projections dans l’avenir
  • Année : 2024
  • Auteur(s) : VENNETIER M.
  • Référence : T. XLV, n°4, 2024, pp. 309-328.
  • Mots-clés :  PROVENCE, PLUIE, CLIMAT

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Résumé

Les grands modèles développés à l’échelle mondiale pour évaluer le changement climatique passé et prédire son évolution future, sont relativement concordants sur l’analyse des températures, mais n’arrivent pas à une précision satisfaisante ni à un consensus pour les pluies. Or la pluviométrie, autant sur le plan quantitatif que sur sa distribution temporelle, est un des points clefs à prendre en compte pour définir la gestion adaptative des forêts au climat futur. Dans cette étude, nous avons analysé de nombreuses et longues séries de pluies annuelles (remontant jusqu’en 1786) dans la région méditerranéenne française et en particulier en Provence. Nous avons mis en évidence trois facteurs qui expliquent l’évolution de ces pluies. D’une part une tendance à long terme, qui présente plusieurs variations significatives dans le temps : notamment un optimum très marqué de plusieurs décennies au milieu du XXe siècle, suivi d’une diminution continue depuis les années 1990. D’autre part deux cycles assez réguliers, d’une durée moyenne d’environ 21 et 8,6 ans, dont l’interaction explique les ondulations de la pluie annuelle autour de la tendance à long terme. Ces trois facteurs nous ont permis de développer des modèles qui reconstituent avec une grande précision les pluies du passé. Nous avons recherché des causes possibles de ces trois facteurs. D’une part, sans succès, des relations avec les phénomènes climatiques à grande échelle liés aux océans, qui impactent le climat de toute l’Europe de l’Ouest : notamment l’oscillation nord-Atlantique (NAO) et l’oscillation est-Pacifique (El-Niño). D’autre part un lien avec l’activité solaire, qui pourrait jouer un rôle, qui reste à valider : sur le moyen terme, la pluie totale semble corrélée à cette activité et le cycle de 21 ans correspond à peu près aux inversions des pôles magnétiques du soleil, qui jouent sur la nébulosité de la haute atmosphère. En raison de la grande stabilité apparente des deux cycles depuis la fin du XVIIIe siècle, et en nous appuyant sur la pente récente de la tendance à long terme et sur les prédictions de l’activité solaire future, nous avons projeté nos modèles dans le futur jusqu’en 2060. Même en admettant une forte incertitude sur la tendance à long terme, qui devrait continuer à diminuer, nous concluons que la Provence, et plus généralement la région méditerranéenne française, pourrait connaître dans les décennies à venir des périodes répétées de sécheresses fortes et prolongées. Se conjuguant avec des températures de plus en plus élevées, le déficit de pluies risque de mettre en danger nos forêts méditerranéennes, mais appelle aussi à une adaptation rapide de toutes les activités humaines.


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