Retour sur la biodiversité

Alors que l’expression « diversité biologique » est l’objet de recherches de type académique pour en connaître la dynamique, l’origine, les mécanismes de son renouvellement, voire de son déclin et ses fonctions dans l’écosystème, le mot biodiversité désigne cette même réalité biologique dans un contexte d’instrumentalisation par les humains. La notion de capital naturel, qui se décline en services écosystémiques, est un moyen de faire entrer la diversité du vivant dans la sphère économique à des fins d’approvisionnement, de régulation ou de bienfaits culturels ou ludiques des écosystèmes. Cette appropriation de la diversité biologique par les humains est légitime et peut constituer un levier pour la gérer au mieux des intérêts des sociétés humaines mais elle soulève des questions d’ordre économique et éthique. D’abord parce que l’érosion inquiétante de la biodiversité reste soutenue malgré plusieurs initiatives pour la stopper, ce qui constitue un obstacle au développement des sociétés humaines et à la mise en œuvre d’un développement réellement soutenable. Ensuite parce que le vivant non humain détient une valeur intrinsèque qui fait de lui bien plus qu’une entité contingente qu’on peut s’approprier et dont on évalue une valeur marchande. Le regard nouveau que la recherche scientifique porte sur les interactions entre humains et non-humains révèle des aptitudes cognitives qui justifient une attitude de respect s’élevant bien au-delà de nos intérêts matériels.