Année : 2015
Auteur(s) : ASPE C.
Référence : T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 387-392.
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Résumé
L'analyse historique des rapports qu'ont entretenus les sociétés locales avec leurs espaces forestiers nous rappelle que nos pratiques « de » nature sont liées à des formes de pensée, elles-mêmes guidées par un système de valeurs qui organisent les conduites et les comportements désignés comme légitimes à une époque donnée. Ainsi, suivant les lieux et les époques, la forêt sera considérée comme nature à exploiter ou nature à protéger. L'exploitation du bois de futaie étant l'activité productive marchande attachée socialement à la forêt, celle située sur l'espace méditerranéen a été pendant longtemps délaissée par les logiques comptables. Présentée comme peu intéressante sur le plan de la production, elle fût dans le meilleur des cas confinée à des usages jugés moins nobles parce que peu productifs, chasse et cueillette principalement. Mais depuis ces toutes dernières années, le purgatoire de la relégation au rang de « forêt peu productive » s'efface au profit d'une accession au droit d'émerger sur une position économique honorable, celle de rendre des services, sous entendus qui pourraient et qui devraient être « monétarisables ». On pourrait imaginer que les registres de justification prônés par l'économie s'opposent à ceux de l'écologie. En fait, les approches ne sont pas aussi éloignées qu'elles sembleraient. Si la science écologique permet de mieux comprendre les mécanismes écosystémiques qui président au fonctionnement des forêts en tant qu'éléments naturels, c'est la discipline économique qui prend le relais aujourd'hui pour évaluer ces derniers, leur donner un coût, une valeur et un prix de marché. Il semblerait en suivant cet éclairage que l'opposition apparente entre exploitation et protection ne soit aujourd'hui que les deux faces d'un même Janus, mais fonctionne dans les représentations sociales des sociétés contemporaines comme moteur de classification opératoire pour des pratiques différenciées.
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Sommaire de la revue
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 375-386. - La nature méditerranéenne et ses représentations Eléments d'introduction
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 387-392. - Le Janus des forêts méditerranéennes. Quand l'écologie vient au secours de l'économie
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 393-396. - Inscrire la production forestière dans le fonctionnement de l'écosystème
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 397-402. - Des antagonismes exacerbés par le changement climatique et des solutions à inventer
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 403-408. - Représentation de la nature Parole d'artiste
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 409-412. - Appliquer les différents regards sur la nature à la gestion forestière : exemple du développement de la sylviculture du pin d'Alep
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 413-414. - Des regards différents vers des projets divergents ? Sur la nécessité de la conciliation entre nature et systèmes productifs
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 415-420 - Les dynamiques en forêt méditerranéenne
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 421-430. - Dynamique de la végétation : connaissances et processus
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 431-436. - Artificialisation et naturalité
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 437-444. - Dynamique des ongulés sauvages dans la région méditerranéenne française
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 445-456. - La dynamique des usages dans la forêt méditerranéenne d'un point de vue anthropologique
- T. XXXVI, n°4, 2015, pp. 457-460. - Dynamiques de territoire et accompagnement de ces dynamiques en faveur de la biodiversité